Un programme pour réduire la fracture numérique en Afrique

L'Afrique a besoin d'une transformation numérique pour accélérer la croissance économique et la création d'emplois. La Banque mondiale estime que l'atteinte de l'objectif de l'Union africaine d'une couverture Internet universelle et abordable augmentera la croissance du PIB en Afrique de 2 points de pourcentage par an. De plus, la probabilité d'emploi, quel que soit le niveau d'éducation, augmente de 6,9 ​​à 13,2% lorsque l'internet rapide devient disponible, car il facilite l'entrée des entreprises et stimule la productivité et les exportations. En tant que telles, les technologies numériques offrent une opportunité unique aux pays africains de transformer de manière significative divers secteurs de leurs économies. Cependant, ce potentiel ne peut être réalisé que si l'Afrique résout ses importants déficits en infrastructure numérique.

L'Afrique est sérieusement en retard sur le front numérique. Par exemple, la pénétration, la qualité et l'abordabilité d'Internet sont très faibles par rapport au reste du monde: la pénétration d'Internet en moyenne en 2019 était de 39,6% en Afrique contre 62,7% dans le reste du monde, bien qu'il y ait des variations immenses entre les pays, allant de de 89,8% au Kenya à 5,3% au Burundi. En outre, en 2017, l'Afrique n'a utilisé que 1% de la bande passante Internet mondiale totale. La vitesse médiane de téléchargement du haut débit mobile en Afrique est de 2,7 mégabits par seconde (Mbits / s), soit environ la moitié de la médiane mondiale de 5,2 Mbits / s, et le coût mensuel d'une connexion haut débit fixe est de 36,6% du revenu national brut, contre 14,5 pour cent dans le monde.

Les pays africains dépensent environ 1,1% du PIB en investissements numériques, tandis que les économies avancées dépensent en moyenne 3,2%. Ainsi, le statu quo n'est pas une option, car il continuera à creuser la fracture numérique et à entraîner une nouvelle marginalisation de l'Afrique.

Avec son grand nombre de jeunes imaginatifs et créatifs, l'Afrique devrait devenir le continent des startups.

Du côté positif, la région s'est montrée prête à adopter la numérisation complète: elle a connu le taux d'augmentation le plus élevé d'utilisation d'Internet et de connectivité au monde au cours des deux dernières décennies et abrite une population jeune et dynamique. Au cours de la même période, le nombre d'internautes en Afrique a plus que 116 fois augmenté, passant de 4,5 millions à 523 millions, alors que celui du reste du monde n'a même pas doublé. Les jeunes Africains en particulier capitalisent sur les nouvelles technologies pour lancer des startups et trouver des solutions aux problèmes du continent. Les innovations technologiques réussies, allant des services bancaires mobiles au Kenya à la livraison de médicaments salvateurs par drones au Rwanda, sont très répandues. Ces succès doivent être étendus au niveau continental.

Sans surprise, la jeunesse africaine, visant à s'intégrer pleinement dans l'économie du 21e siècle, réclame de meilleurs services numériques. En réponse, l'Union africaine, soutenue par la Banque mondiale, poursuit une initiative de transformation numérique, accélérant le taux d'utilisation d'Internet pour rattraper et même dépasser le reste du monde en une décennie ou moins.

Cette initiative Digital Moonshot comprend cinq éléments clés. Le premier élément consiste à investir dans l'infrastructure numérique pour améliorer l'accès et la qualité, ce qui comprend l'investissement dans la connectivité (par exemple, Internet à haut débit, points d'échange Internet), l'Internet des objets (par exemple, appareils mobiles, ordinateurs) et les référentiels de données (par exemple, les centres de données , des nuages). Ces améliorations nécessiteront certains investissements publics, mais la plupart des investissements devront provenir du secteur privé, d'où la nécessité de réformes juridiques et réglementaires pour encourager l'investissement privé.

Le deuxième élément consiste à investir dans une main-d'œuvre numérique avertie pour bâtir des économies numériques solides et des marchés compétitifs. Troisièmement, l'investissement dans des plateformes numériques qui offrent des produits et des services par le biais des canaux numériques. La plupart des plateformes sont développées par le secteur privé, mais certaines (par exemple, les systèmes d'identification numérique) sont dirigées par le secteur public. Quatrièmement, le développement des services financiers numériques pour améliorer l'inclusion financière; M-Pesa au Kenya est le meilleur exemple d'un tel système. Le développement des systèmes financiers numériques nécessite des réformes des réglementations monétaires et financières et des systèmes de supervision pour permettre aux opérateurs de téléphonie mobile de fournir des services financiers. Le cinquième élément est de créer un écosystème pour encourager l'entrepreneuriat numérique et l'innovation. Avec son grand nombre de jeunes imaginatifs et créatifs, l'Afrique devrait devenir le continent des startups.

Enfin, je dois souligner deux points supplémentaires. Premièrement, l'objectif de transformer numériquement l'Afrique est réalisable. Le coût total de cette initiative est estimé entre 80 et 100 milliards de dollars sur 10 ans, plus de la moitié des investissements provenant du secteur privé. Le défi n'est pas seulement de mobiliser des ressources publiques; le plus grand défi est plutôt de mettre en place des politiques et des institutions qui encouragent le secteur privé à investir. Deuxièmement, les besoins de l’économie numérique ne doivent pas détourner du travail pour répondre aux autres besoins de l’Afrique, en particulier les investissements dans le capital humain, l’énergie et les transports.

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