Sommes-nous encore sortis du bois?

Cet article d’opinion a été initialement publié sur Kathimerini.

Enfin, le vaccin est là. Les marchés boursiers ont réagi de manière exubérante et nous pouvons voir la lumière au bout du tunnel. L’enfermement et l’isolement qui ont pesé sur les vieux et les jeunes prendront fin et l’économie pourra rebondir de son état semi-comateux. Nous pourrons alors tous revenir aux affaires comme d’habitude.

Pas si vite. Quatre médecins sur dix en Belgique, le pays où je réside, ne souhaitent pas eux-mêmes prendre le vaccin COVID-19. Des résultats similaires ont également été trouvés au Royaume-Uni. Il est probable que de telles préoccupations existent également dans d’autres pays.

Ces médecins ne sont pas des refuseurs de se faire vacciner. Leur objection est que le vaccin, malgré tout l’argent, les efforts et la meilleure science qui lui sont consacrés, n’a tout simplement pas passé l’épreuve du temps.

Si vous demandez à vos amis, vos collègues, plus âgés et plus jeunes, s’ils vont se faire vacciner contre le COVID-19, vous n’obtiendrez pas de réponse claire. Il faudra peut-être que 70% de la population soit vaccinée pour que l’immunité du troupeau soit atteinte. À l’échelle mondiale, cela signifie que plus de 5 milliards de personnes doivent être vaccinées.

C’est sans aucun doute l’un des plus grands défis logistiques de tous les temps. Et si la production et la distribution du vaccin en font partie, ce n’est étonnamment pas le seul. Quand les médecins eux-mêmes, qui sont essentiels pour informer et conseiller la population, sont sceptiques en si grand nombre, comment pouvons-nous espérer parvenir à un retour rapide à la normale? Plus important encore, le vaccin est-il la solution dont nous avons besoin?

Plus on entend les inquiétudes des autres, plus on a l’impression d’être témoins d’une tragédie des communs: il faut que 70% de la population soit vaccinée, mais je préférerais être aux 30%, du moins jusqu’à ce que nous apprenions en savoir plus sur le vaccin.

Alors que nous nous préparions à des pénuries et à d’énormes files d’attente devant les centres de vaccination, nous pourrions finir par voir exactement le contraire: un surplus de vaccins et une pénurie de demande.

Comme pour d’autres exemples de la tragédie des biens communs, la réglementation gouvernementale est appelée à protéger le bien public. Cependant, en ce qui concerne les vaccins, en particulier ces nouveaux vaccins, des problèmes éthiques empêchent leur administration obligatoire.

Il y a eu des discussions sur l’application douce par l’exclusion. En d’autres termes, n’accorder l’accès aux groupes vaccinés qu’à certains événements ou espaces. Mais ces mesures plus douces sont contraires au seuil de 70%. Et ils peuvent ne pas être vraiment exécutoires et ne provoquer que des troubles sociaux.

Mais que reste-t-il alors? Communication et persuasion? Non, nous ne pouvons ignorer une si grande minorité. Soit il y a un point dans les préoccupations de ces quatre médecins sur 10, auquel cas les tentatives de précipitation et de persuasion sont synonymes de tromperie, soit ces médecins n’ont pas de raison dans quel cas pourquoi s’opposent-ils à un nombre aussi élevé?

Qu’est-ce qui est le plus élevé, la prime d’attente ou le coût d’un vaccin dangereux? Après réflexion, nous ne sommes peut-être pas dans une tragédie des biens communs, car on ne sait pas ce qui sert le mieux le bien public. Il va sans dire que c’est la science qui apporte les réponses. Mais il n’est tout simplement pas clair que ce soit déjà le cas.

Je crains que le retour à la normale ne doive attendre.

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