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Présidentielle 2022 : le sondage inquiétant pour la droite

Une enquête révélatrice

A la mi-temps d’un quinquennat, nul ne peut prévoir le paysage politique de la prochaine élection présidentielle. Le sondage Elabe réalisé pour BFM au mi-mandat d’Emmanuel Macron n’a donc pas de valeur prédictive. La photographie instantanée de l’opinion qu’il propose n’en est pas moins instructive.

Le duel entre le chef de l’État et Marine Le Pen s’impose. Donnés à égalité (entre 27 et 29% d’intentions de vote selon les hypothèses), ils cumuleraient à eux deux de 55 à 57% des suffrages, 10 à 12 points de plus qu’en 2017. Rien n’est figé d’avance : la présidente du Rassemblement national était alors entrée en campagne avec 27% dans les sondages ; elle avait finalement obtenu 21,3% des voix. À ce jour en tout cas, la bipolarisation Macron/Le Pen est une donnée forte qui ne pourrait être remise en cause que par une dynamique nouvelle à droite ou à gauche. Or, c’est loin d’être le cas aujourd’hui.

Des candidats au coude à coude

À gauche, bien qu’en net recul par rapport à 2017, Jean-Luc Mélenchon domine toujours (12,5-13%). Yannick Jadot (6,5-7%) offrirait aux Verts leur meilleur score présidentiel, sans renouveler son exploit des européennes. Pour le PS, la situation reste alarmante. Malgré son statut d’ancien premier ministre et une image personnelle préservée. Moins que Benoît Hamon en 2017 et que Raphaël Glucksmann aux européennes. De quoi le dissuader d’entrer en lice ?

Le défi de la droite n’est pas uniquement d’attendre l’érosion du macronisme ; il est de reconquérir un espace perdu depuis de nombreuses années déjà.

La droite non plus n’arrive pas encore à tirer son épingle du jeu. Selon trois hypothèses testées par Elabe, François Baroin obtiendrait 9,5%, Xavier Bertrand 9% et Valérie Pécresse 5%. Trois figures, entre autres, qui fustigeaient la ligne trop droitière de Laurent Wauquiez ou trop conservatrice de François-Xavier Bellamy. À l’évidence, les positionnements républicain-territorial du président des maires de France, social-populaire du patron des Hauts-de-France ou libéral-régalien de la présidente d’Île-de-France ne permettent pas de ratisser plus large.

Sur 100 électeurs de premier tour de François Fillon, déjà marqué plus à droite qu’Alain Juppé en 2017, entre 30 (hypothèse Bertrand) et 42 (hypothèse Pécresse) voteraient Macron dès le premier tour ; une confirmation qu’une frange significative de l’électorat de droite a rejoint le chef de l’État. Mais, symétriquement, entre 14 et 18 choisiraient Marine Le Pen et même entre 11 et 12 Nicolas Dupont-Aignan -lequel devancerait même Pécresse ; soit entre 26 et 29 électeurs sur 100 qui se tourneraient vers une offre plus à droite que les présidentiables actuels de ce camp-là.

La campagne n’est pas encore lancée. Seul Xavier Bertrand s’est formellement dévoilé. Une « offensive » Baroin -soutenue par le nouveau président de LR Christian Jacob – serait envisagée dès le lendemain des municipales et Valérie Pécresse construit son électorat. Mais le défi de la droite n’est pas uniquement d’attendre l’érosion du macronisme ; il est de reconquérir un espace perdu depuis de nombreuses années déjà.

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