Plus grand peut être meilleur, quand les gouvernements s’écartent du chemin! – AIER

Les pays industrialisés sont de plus en plus désireux de sévir contre les grandes entreprises. Aux États-Unis, des efforts bipartites sont déployés pour assouplir les pouvoirs anti-monopole du gouvernement fédéral contre les grandes entreprises technologiques. En France, les grandes entreprises technologiques étaient considérées comme exploiteuses et une taxe GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple) a été adoptée en 2019 pour faire face aux «injustices». Au Canada, les tentatives de consolidation et de fusion entre les entreprises de télécommunications et les compagnies aériennes se sont heurtées à des allégations de puissance de marché et de monopoles croissants. Le dénominateur commun est que les «grandes entreprises» sont des monopoles d’exploitation.

Cependant, et il n’y a aucun moyen de contourner cela, plus c’est gros, mieux c’est. C’est si vous connaissez le travail de l’économiste Harold Demsetz. Dans les années 1970, Demsetz a publié un article influent dans le Journal of Law and Economics cela a rejeté l’idée selon laquelle une concentration plus élevée facilitait la collusion et l’exercice d’un pouvoir de marché par les grandes entreprises (générant ainsi des profits de monopole). Il a fait valoir que les gens avaient fait des choses à l’envers: de plus grandes entreprises se sont créées car ils sont plus efficaces que leurs concurrents. Ainsi, selon Demsetz, il est tout à fait possible d’observer des résultats de type concurrence sur un marché même si une seule entreprise détient 100% des parts de marché.

Lorsque Demsetz a raison, il y a des avantages importants pour les travailleurs et les consommateurs. Les grandes entreprises, lorsqu’elles sont plus efficaces, sont en mesure d’offrir des salaires plus élevés pour attirer les travailleurs. Les consommateurs peuvent également bénéficier de prix plus bas lorsqu’un producteur inefficace est racheté.

Malheureusement, il y a une condition qui compte. Si nous voulons dire que plus grand est meilleur, il doit rester la menace de la concurrence. Il n’y a pas besoin de concurrence, mais simplement la possibilité pour les nouvelles entreprises de défier les opérateurs en place. Plus important encore, ces défis ne doivent pas nécessairement prendre la forme d’une concurrence directe. Ils peuvent se présenter sous la forme de produits de substitution. Si de tels défis sont possibles, les titulaires doivent rester vigilants pour décourager l’entrée.

En d’autres termes, plus c’est grand, mieux c’est si des défis sont possibles. Le problème est que les gouvernements placent de multiples barrières sur le chemin des challengers potentiels. Prenons le cas de l’industrie canadienne des télécommunications, qui a récemment fait la une des journaux sous le nom de Rogers (le grand acteur du marché) a annoncé vouloir racheter Shaw (la deuxième plus grande entreprise).

Si Rogers achète Shaw, nous pouvons supposer sans risque qu’elle croit pouvoir utiliser la main-d’œuvre, l’infrastructure et l’équipement pour générer une plus grande valeur que ces derniers. Cependant, ceux qui s’intéressent au bien-être des consommateurs soulignent que le Canada a déjà des prix élevés pour les services de télécommunications et que l’accord aggraverait les choses. Ce n’est pas tout à fait vrai que le Canada a des prix élevés, mais l’accord pourrait en effet aggraver les choses si l’achat rend plus difficile pour les nouvelles entreprises de défier Rogers.

Le problème, c’est que le gouvernement du Canada rend les défis incroyablement plus difficiles à relever en raison de la législation fédérale. Selon la législation fédérale, toutes les entreprises détenant plus de 10% de part de marché ne peuvent pas détenir plus de 20% des actions avec droit de vote détenues par des non-Canadiens. Cela limite essentiellement la capacité des entreprises des États-Unis, qui ont tendance à être en mesure d’offrir beaucoup prix inférieurs à ceux des entreprises canadiennes, d’entrer sur le marché canadien. En d’autres termes, la législation et ne pas la structure du marché rend les défis plus difficiles.

En fait, si vous jetez un coup d’œil sur les cas de grandes entreprises accusées d’agir comme des monopoles, vous trouverez souvent quelque chose de similaire à l’affaire canadienne des télécommunications. Cela a une implication importante pour ceux qui proposent des remèdes pour traiter avec les «grandes entreprises» (ce qu’ils considèrent comme un monopole). En effet, plutôt que d’imposer aux gouvernements la responsabilité d’intervenir pour réglementer ces grandes entreprises, on est obligé de rejeter le blâme sur les gouvernements pour la protection quelques grandes entreprises de la menace de la concurrence.

Vincent Geloso

Vincent Geloso

Vincent Geloso, senior fellow à l’AIER, est professeur assistant d’économie au King’s University College. Il a obtenu un doctorat en histoire économique de la London School of Economics.

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