Les effets de la transition énergétique mondiale en Afrique: perturbations et opportunités

Selon une publication récente de la Banque mondiale, «Africa’s Resource Export Opportunities and the Global Energy Transition», la transition mondiale vers les énergies renouvelables et les technologies d’énergie propre provoquera une réduction brutale de la demande mondiale d’hydrocarbures fossiles, tels que le charbon, le pétrole et gaz naturel. Étant donné que près de 50 pour cent de la valeur des exportations de l’Afrique subsaharienne est composée de combustibles fossiles, la transition énergétique mondiale pourrait avoir des effets profonds sur ses économies. Cependant, le rapport constate que, alors que la région dans son ensemble est sur le point de prospérer en passant des exportations à des matières énergétiques minérales (MEM) telles que le nickel, le cuivre et le cobalt, ces changements de la demande mondiale pourraient être plus perturbateurs pour le pétrole de la région. pays dépendants.

L’exportation de ressources naturelles génère une source importante de recettes publiques pour les pays d’Afrique subsaharienne, de sorte que le gaz naturel, le pétrole brut et les métaux génèrent, en moyenne, environ 25% des recettes publiques de la région. Ces revenus peuvent provenir de paiements en nature (une part physique de la marchandise extraite) aux compagnies pétrolières nationales, d’accords de partage de production, de systèmes de redevances de coentreprise et de baux de ressources naturelles. Bien que la dépendance à l’égard des exportations de ressources naturelles en tant que source de recettes publiques pour les pays d’Afrique subsaharienne varie, les cinq pays dont le pourcentage de revenus provenant des ressources naturelles est le plus élevé tirent tous davantage des revenus des hydrocarbures fossiles que des matières énergétiques minérales (Figure 1).

Figure 1. Pourcentage des recettes publiques provenant des exportations de ressources naturelles pour certains pays d’Afrique subsaharienne

Figure 1. Pourcentage des recettes publiques de l'Afrique subsaharienne provenant des exportations de ressources naturelles pour certains pays

Remarque: les barres bleues indiquent les pays dont les revenus des hydrocarbures sont supérieurs à ceux des MEM.
La source: Banque mondiale, Opportunités d’exportation des ressources de l’Afrique et transition énergétique mondiale, 2020.

Les exportations d’hydrocarbures fossiles (48,5 pour cent) et de MEM (23 pour cent) représentaient plus de 70 pour cent de la valeur des exportations de l’Afrique subsaharienne de 1995 à 2018; cependant, la structure des exportations a considérablement changé au cours des deux dernières décennies, tant en termes de composition des exportations que de partenaires commerciaux. Bien que les combustibles fossiles soient toujours restés la principale source d’exportations de l’Afrique subsaharienne, ces dernières années, leur valeur a fortement baissé (graphique 2, panneau de gauche). D’un autre côté, les MEM ont connu une croissance constante en pourcentage de leur valeur d’exportation, leur valeur ayant été multipliée par sept depuis 1995. Au cours de la même période, le rôle de la Chine en tant que partenaire commercial avec l’Afrique subsaharienne s’est considérablement accru (graphique 2, panneau de droite). En effet, depuis 2009, la Chine a dépassé l’Union européenne en tant que premier importateur de MEM. Une tendance similaire existe dans les importations de combustibles fossiles, la part croissante des importations de la Chine augmentant depuis 1999, bien que la Chine et l’UE semblent avoir partagé une part à peu près égale de la valeur des importations de combustibles fossiles depuis 2009.

Figure 2. Structure des exportations de l’Afrique subsaharienne de matières énergétiques minérales et de combustibles fossiles par principaux importateurs, 1995-2018

Figure 2. Structure des exportations de l'Afrique subsaharienne de matières énergétiques minérales et de combustibles fossiles par principaux importateurs, 1995-2018

La source: Banque mondiale, Opportunités d’exportation des ressources de l’Afrique et transition énergétique mondiale, 2020.

Au fur et à mesure que les technologies d’énergie renouvelable et propre deviennent plus abordables et applicables, la satisfaction de la demande mondiale en constante évolution pour les MEM réduira la capacité des économies d’Afrique subsaharienne à s’adapter à une perturbation économique aussi colossale. Sur la base de leur analyse, les auteurs indiquent que les économies de l’Afrique subsaharienne ont un avantage comparatif par rapport au reste du monde qui leur offre une position prometteuse pour bénéficier d’une transition mondiale vers des technologies d’énergie renouvelable et propre qui dépendent fortement des MEM. Plus précisément, en regardant vers l’avenir, les auteurs voient un potentiel de croissance pour la République démocratique du Congo (cobalt) et le Zimbabwe et la Côte d’Ivoire (nickel et cuivre). Cependant, les auteurs notent qu’à court et moyen termes, les combustibles fossiles peuvent rester une source durable de recettes publiques. Néanmoins, ils conseillent, à long terme, aux pays d’anticiper une baisse permanente de la demande de combustibles fossiles à mesure que la transition énergétique mondiale se développe.

Pour en savoir plus sur la diversification économique en Afrique, lisez «Relancer l’économie du Nigéria grâce à la diversification économique». Pour en savoir plus sur la croissance économique à long terme en Afrique, lisez ou écoutez «La feuille de route de l’Afrique pour une croissance économique à long terme» et «Surmonter le modèle de développement colonial d’extraction des ressources pour le développement durable en Afrique». Pour en savoir plus sur le rôle de l’Afrique dans la facilitation de la transition énergétique mondiale, lisez «Chiffres de la semaine: le paysage de l’innovation énergétique en Afrique» et «Chiffres de la semaine: Accès à une énergie abordable, durable et moderne en Afrique».

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