La liberté économique est essentielle pour gérer les pandémies – AIER

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La pandémie actuelle a peu de parallèles historiques en termes d'ampleur. Le nombre de décès est inférieur à celui de ces épisodes précédents grâce aux progrès des connaissances médicales et à la croissance économique qui nous permettent d'investir davantage dans les biens et services de santé que par le passé.

En fait, les pires réponses politiques observées n'ont pas abouti à des résultats qui sont presque aussi mauvais sur le plan démographique que ceux des pandémies précédentes. De plus, la même tendance à la baisse est observée en ce qui concerne les coûts économiques des pandémies. Ces tendances nous incitent à l'optimisme – ce qui fait cruellement défaut de nos jours.

Néanmoins, existe-t-il des moyens de réduire davantage ces coûts? Des événements extrêmes comme une pandémie sont inévitables ici et là comme ils l'ont fait dans le passé. Il est donc tout à fait raisonnable de se demander comment suivre les tendances évoquées ci-dessus.

Pour voir comment, considérez le cadre analytique suivant afin de comprendre la capacité à faire face aux chocs (pandémies et autres). Avant qu'une crise n'éclate, les acteurs économiques organisent leurs décisions de production et de consommation en fonction de leurs contraintes de manière à tirer le meilleur parti de ce qu'ils obtiennent. Lorsque la crise éclate, les anciennes façons de faire ne sont plus les meilleures. Les ressources doivent être réorientées vers de nouvelles fins pour produire des biens et des services qui n'étaient pas autant valorisés avant la crise. Par exemple, les masques faciaux n'étaient pas très demandés dans le passé et les entreprises qui les produisaient ne produisaient pas de grandes quantités. Avec la crise, la demande de masques a augmenté et les entreprises ont dû trouver des moyens d'obtenir plus de travailleurs et plus de capitaux pour accélérer la production. Plus il est facile de réorganiser l'activité économique autour des nouveaux besoins, plus les dommages économiques sont faibles et plus le nombre de décès est faible.

Essentiellement, cette manière simple d'interpréter la réponse aux chocs se résume à ce que l'on peut qualifier de «rigidité économique» (faute d'un meilleur terme). Une partie de cette rigidité peut être due à des facteurs naturels (par exemple, le climat, la géographie, les caractéristiques démographiques de la population). Une partie peut également être déterminée par les institutions.

Par exemple, si un règlement augmente les coûts de réaffectation des ressources à de nouvelles fins, il crée de la rigidité. Dans la crise actuelle, les exemples abondent. Par exemple, la réglementation fédérale en matière de santé au Canada exigeait des mois d'évaluation pour l'approbation d'une licence de production de désinfectant pour les mains. Ceci en dépit du fait que les entreprises qui tentaient de réorienter leur production vers ce désinfectant pour les mains fabriquaient déjà des produits très similaires (distilleries et brasseries) et possédaient l'expertise technique (chimistes et laboratoires d'essais). Ce n'est qu'un seul rouage de la machine, mais multipliez-les et la machine ralentit suffisamment pour le remarquer.

À ce titre, nous devrions nous attendre à ce que les institutions qui imposent moins de coûts et d'obstacles réglementaires offrent plus de flexibilité. Ces institutions facilitent la réaffectation des ressources et l'adaptation à la crise.

C'est ce que mon ami Jamie Bologna Pavlik et moi avons entrepris de tester dans un article récemment publié dans Politique économique contemporaine. Nous nous sommes appuyés sur la pandémie de grippe de 1918 pour voir si la flexibilité institutionnelle atténuait les dommages de la pire pandémie des 20e siècle. Nous avons utilisé la liberté économique comme notre principale variable d'intérêt. Étant donné que les variables de la liberté économique produites par les historiens de l'économie comprenaient des mesures de réglementation, des barrières commerciales internationales, la protection des droits de propriété et une monnaie saine, nous avons supposé qu'il s'agissait d'un indicateur fiable de cette flexibilité.

Nous avons constaté que la liberté économique avait fortement atténué les dommages (mesurés par les taux de mortalité excessifs) de la pandémie de 1918. En d'autres termes, un pays économiquement libre fait face à des coûts économiques inférieurs à ceux des pays moins libres avec les mêmes taux de mortalité. Lorsque nous avons décomposé les effets en différentes composantes de la mesure de liberté économique, les niveaux de réglementation ont produit des effets cohérents: plus de barrières et de charges réglementaires signifiaient des dommages économiques plus importants dus à la pandémie.

Pour certains, de tels résultats peuvent surprendre pour plusieurs raisons. Cependant, ce n'est pas du tout surprenant. Il existe déjà des articles montrant que les économies plus libres gèrent mieux les crises économiques. Il y a aussi des articles montrant que les récupérations après les ouragans et autres catastrophes sont fortement modulées par le niveau de flexibilité institutionnelle accordé aux entrepreneurs.

Les résultats ont également un sens intuitivement. Les crises telles qu'une pandémie sont pleines d'incertitudes. La connaissance n'est générée qu'en essayant de nouvelles solutions. Limiter la capacité d'essayer de nouvelles solutions implique que moins de connaissances sont générées pour résoudre l'incertitude. Cela prolonge et aggrave le choc de la crise.

Il y a donc une leçon importante pour l'avenir. Si l'on désire les tendances à la baisse des coûts humains et économiques observées au cours du 20e siècle pour continuer, il faut pousser pour une plus grande flexibilité institutionnelle. Cette flexibilité est ce qui fait que le processus de découverte du marché fonctionne et nous rend plus résistants aux chocs futurs.

Vincent Geloso

Vincent Geloso

Vincent Geloso, senior fellow à l’AIER, est professeur assistant d’économie au King’s University College. Il a obtenu un doctorat en histoire économique de la London School of Economics.

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