La Banque centrale européenne dans la crise du COVID-19: tout ce qu'il faut, dans le cadre de son mandat

Pour maintenir l'économie de la zone euro à flot, la Banque centrale européenne a mis en place un grand nombre de mesures depuis le début de la crise COVID-19. Cette réponse a fait craindre une future augmentation de l'inflation. Cependant, les nouvelles mesures de la BCE et l'augmentation qui en résulte de la taille de son bilan, même s'il devait être permanent, ne devraient pas limiter sa capacité à réaliser son mandat de stabilité des prix, dans le cadre de ses obligations légales.

Par:
Grégory Claeys

Date: 20 mai 2020
Sujet: Macroéconomie et gouvernance européenne

Cette contribution politique a été préparée pour la commission des affaires économiques et monétaires (ECON) du Parlement européen, en tant que contribution au dialogue monétaire du 8 juin 2020 entre ECON et le président de la Banque centrale européenne. Le document original est disponible sur la page Web du Parlement européen (ici). Le droit d'auteur demeure à tout moment au Parlement européen. L'auteur remercie Agnès Bénassy-Quéré, Maria Demertzis, Francesco Papadia, Stavros Zenios, Nicolas Véron et Guntram Wolff pour leurs commentaires et suggestions, ainsi qu'Aliénor Cameron pour son excellente aide à la recherche.

  • Les banques centrales ont pris des mesures drastiques pour maintenir leur économie à flot pendant les blocages du COVID-19. Dans la zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) a sensiblement assoupli les conditions de ses opérations de refinancement et a annoncé un nouveau programme d'achat d'actifs. Cette réponse a suscité des craintes d'une augmentation significative de l'inflation et des inquiétudes quant à la compatibilité des mesures de la BCE avec son mandat de fixation des prix et avec les limites fixées par les traités de l'UE.
  • L'accélération de l'inflation n'est pas une menace immédiate, car la zone euro connaîtra en 2020 sa récession la plus profonde jamais enregistrée. Initialement, la pandémie a pris la forme d'un choc d'offre, mais les effets de second tour ont maintenant généré un choc massif de demande globale. L'impact global sur les prix dépendra de celui de ces deux chocs qui domine, mais à ce stade, il semble que les forces déflationnistes devraient dominer et ramener l'inflation globale en territoire négatif dans un avenir proche.
  • Une politique monétaire expansionniste est donc clairement justifiée pour que la BCE remplisse son mandat de stabilité des prix. En outre, compte tenu de la gravité du choc, il n’existe actuellement aucun compromis entre le mandat principal de la BCE et ses objectifs macroéconomiques secondaires, qui vont tous dans le même sens. Les nouvelles mesures mises en œuvre par la BCE semblent également respecter les limites juridiques fixées par les traités de l'UE et les critères fixés par la Cour de justice de l'UE dans ses décisions sur les précédents programmes d'achat d'actifs de la BCE.
  • Cependant, la situation juridique a été compliquée par l'arrêt du 5 mai 2020 de la Cour constitutionnelle allemande (CCG) sur le programme d'achat du secteur public 2015 de la BCE. La BCE n'est pas sous la juridiction du CCG et il est difficile de prédire comment la situation juridique évoluera, mais d'un point de vue économique, si la BCE devait se conformer aux règles plus strictes dictées par le CCG, cela rendrait la La BCE remplit son mandat principal et ses objectifs secondaires.
  • Les actions actuelles de la BCE et l’augmentation de la taille de son bilan, même s’il devait se révéler permanent, ne devraient pas restreindre sensiblement sa capacité à augmenter ses taux afin de remplir son mandat de stabilité des prix. La BCE aurait suffisamment d'outils à sa disposition pour contrer une poussée d'inflation si elle devait se produire.
  • Si l’ordre est clair entre le mandat principal de stabilité des prix de la BCE et ses objectifs secondaires, les objectifs secondaires ne sont pas classés par priorité, ce qui peut créer des compromis difficiles. S'occuper de ceux-ci est une tâche politique et la BCE devrait se féliciter de certaines orientations claires du Parlement européen et du Conseil de l'UE sur les objectifs secondaires les plus pertinents pour l'UE dans une situation particulière.

Citation recommandée
Claeys, G (2020) «La Banque centrale européenne dans la crise du COVID-19: tout ce qu'il faut, dans le cadre de son mandat», Contribution politique 09/2020, Bruegel

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