L’économie française résiste au ralentissement économique mondial !

L’économie française tient la route

La consommation frémit : les dépenses des ménages en biens et services ont progressé de 0,3 % au troisième trimestre, après + 0,2 % au deuxième.

Tous les grands pays européens – ou presque – sont touchés par le ralentissement économique mondial. L’Allemagne est en effet menacée de récession, l’Italie est en pleine stagnation et la croissance espagnole a été divisée par deux. Quant à la Grande-Bretagne, avec l’interminable processus de Brexit… Seule la France, résiste.

La croissance hexagonale a ainsi gardé son rythme de progression au troisième trimestre. Imperturbable et sans éclat, l’activité a progressé de 0,3 % entre juillet et septembre, d’après l’estimation de l’Insee publiée mercredi, comme sur les six premiers mois de 2019. Et ce, alors que le consensus des économistes interrogés par Reuters tablait sur une croissance de 0,2 %. Par les temps qui courent, cette performance suffit pour faire de l’économie tricolore « une des stars de la zone euro », s’étonnent les économistes de la banque Nomura.

La France doit tout d’abord sa résistance à une potion pas si magique. Premier ingrédient, une moindre exposition que ses voisins aux fluctuations des échanges internationaux. « Ce sont les performances à la “grande exportation” (au-delà des frontières de l’Europe) qui sont les plus malmenées et l’économie française y est moins engagée que celle d’autres pays membres, comme l’Allemagne, les Pays-Bas ou l’Italie », explique Hervé Goulletquer, directeur adjoint de la recherche de La Banque postale AM. De ce fait, la production demeure en hausse (+ 0,3 % au troisième trimestre, après + 0,4 % au deuxième), malgré la baisse prolongée de la production manufacturière (- 0,4 %, versus – 0,5 % il y a trois mois).

Frémissement de la consommation

L’investissement des entreprises « reste dynamique » dans ce contexte (+ 1,2 %, après + 1,1 %), note ainsi l’Insee. « Cela peut résulter de l’amélioration temporaire des marges (double effet CICE et baisse de charges en 2019) et d’une politique économique volontariste en 2020 pour supporter la demande interne, analyse pour sa part Philippe Waechter, directeur de la recherche économique d’Ostrum. C’est très encourageant. » En revanche, l’investissement des ménages a brusquement ralenti (+ 0,1 %, après + 1,6 %) en contrecoup de l’envolée des transactions immobilières observée au second trimestre.

Dans le même temps, la consommation frémit. Rien de spectaculaire, là encore, mais les dépenses des ménages en biens et services ont progressé de 0,3 % au troisième trimestre, après + 0,2 % au deuxième. Les économistes y voient les premiers effets, tardifs, des mesures exceptionnelles en faveur du pouvoir d’achat des classes moyennes et modestes, octroyées par Emmanuel Macron en tout début d’année (prime d’activité augmentée de 90 euros au niveau du smic, défiscalisation et désocialisation des heures supplémentaires…).

Le village français pourrait continuer encore un peu à faire figure d’exception

L’objectif de croissance du gouvernement de 1,4 % en 2019 risque toutefois de ne pas être atteint. Les économistes tablent plutôt sur 1,3 %, à moins que les grèves dans les transports annoncées à partir du 5 décembre ne perturbent les fêtes de fin d’année et pèsent donc plus fortement sur l’activité.

Quant à 2020, les effets de la potion économique française pourraient perdurer. À l’image de nombreux autres analystes, François Cabau, de Barclays, reste ainsi « prudemment optimiste » pour l’année prochaine. De nouvelles mesures en faveur du pouvoir d’achat, principalement la baisse de l’impôt sur le revenu au 1er janvier de 5 milliards d’euros ou la réindexation sur l’inflation des pensions de retraite de moins de 2 000 euros par mois devraient soutenir la demande intérieure.

Côté entreprises, à en croire Julien Manceau, économiste chez ING, « l’économie française étant plus dépendante des services que de l’industrie, qui représente environ 15 % de la valeur ajoutée (contre 30 % en Allemagne), nous pensons qu’elle devrait résister plus longtemps au ralentissement mondial actuel que le reste de la zone euro ». Le village français pourrait donc continuer encore un peu à faire figure d’exception.

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