L’économie européenne tourne au ralenti

Economie en ralentissement

L’Europe entre en zone de turbulences «de plus en plus fortes », selon la Commission européenne. Face à ce scénario, l’exécutif de Bruxelles monte le ton. Valdis Dombrovski, vice-président de la Commission, en charge de l’euro, demande « instamment » aux pays endettés, avec l’Italie à leur tête, de remettre leur dette publique « sur une trajectoire descendante ».

Pour les autres, spécialement ceux disposant d’une marge de manœuvre budgétaire, le mot d’ordre est simple : engager des investissements publics. Un appel du pied qui vise particulièrement l’Allemagne et les Pays-Bas. Malgré les difficultés, ces pays ont profité d’une décennie dorée et leurs caisses publiques sont pleines. Le moment est venu d’agir pour une relance économique, d’autant que les taux d’intérêt sont au plus bas et que la Banque centrale européenne a déjà joué toutes ses cartes pour soutenir l’économie. « Mario Draghi a raison », finit par lâcher Pierre Moscovici. « S’il commence à faire un petit peu froid, il faut augmenter le chauffage », insiste le commissaire européen aux Affaires économiques et financières.

D’autant qu’avec une croissance mondiale « vouée à rester atone », c’est sur son marché intérieur que l’Europe doit trouver une solution, assure la Commission. L’inaction, avertit l’exécutif, pourrait favoriser la propagation du ralentissement du secteur industriel à celui des services. Ce message politique part d’un constat. Après sept années de croissance robuste, encore à 1,9 % en 2018, l’économie européenne entre dans une période de croissance ralentie, presque nulle, doublée d’une inflation anémique. Après le FMI et la BCE, la Commission rabote à son tour ses
prévisions dans son panorama d’automne.

Résilience de l’emploi

L’économie européenne subit le coup de frein du commercial mondial, des tensions sino-américaines et des incertitudes du Brexit. Bruxelles prévoit désormais une croissance pour la zone euro de 1,1 % en 2019 (- 0,1 point par rapport aux dernières prévisions) et de 1,2 % en 2020 et 2021 (- 0,2 point). Pour l’Union européenne, le PIB devrait augmenter de 1,4 % en 2019, en 2020 et en 2021 (contre 1,6 % précédemment). Cette baisse de régime tient surtout à une croissance anémique en Allemagne et à la stagnation de l’Italie, deux pays fortement dépendants de l’exportation de biens manufacturiers.

La France, dont la croissance repose essentiellement sur sa consommation intérieure, s’en tire plutôt bien.

La France, dont la croissance repose essentiellement sur sa consommation intérieure, s’en tire plutôt bien. Ainsi, le PIB Français devrait croître de 1,3 % en 2019 et 2020, puis de 1,2 % en 2021. En revanche, sur le front des finances publiques, l’Hexagone fait figure de mauvais élève, seul pays à franchir la barre des 3 % pour le déficit public en 2019 et 2020. Attention, avertit Pierre Moscovici, des efforts structurels supplémentaires sont nécessaires.

Si Bruxelles prévient que la « route s’annonce difficile », elle minimise le risque de récession, saluant « l’étonnante résilience » de l’emploi et la décrue continue du taux de chômage qui devrait tomber, en 2021, à 7,3 % dans la zone euro et 6,2 % au niveau de l’Union. Ce qui inquiète le plus, c’est l’absence de signe de reprise. La perspective d’un rebond en 2020-2021, pressentie au printemps dernier, s’est évaporée. « C’est la preuve d’un changement » quant aux différents chocs sur la zone euro, dont l’impact « mettra du temps à s’effacer », analyse Pierre Moscovici. Et ce, alors que les nouvelles prévisions sont fondées sur l’hypothèse d’un divorce à l’amiable avec le Royaume-Uni. En cas de Brexit sans accord, le panorama pourrait s’assombrir encore davantage.

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