Du changement climatique aux cyberattaques: risques de stabilité financière naissants pour la zone euro

La revue de la stabilité financière de la Banque centrale européenne de novembre 2019 a mis en évidence les risques pour la croissance dans un environnement d'incertitude mondiale. Dans l'ensemble, le rapport de la BCE est complet et couvre les principaux risques pesant sur la stabilité financière de la zone euro, nous soulignons les questions qui méritent plus d'attention.

Cette contribution politique a été préparée pour la commission des affaires économiques et monétaires (ECON) du Parlement européen dans le cadre du dialogue monétaire du 6 février 2020 entre ECON et le président de la Banque centrale européenne. Le document original est disponible sur la page Web du Parlement européen (ici).
Le droit d'auteur reste à tout moment au Parlement européen.

• Premièrement, l'évaluation des risques sur le marché du logement devrait être plus nuancée. Les marchés immobiliers actuels par rapport à ceux d'avant la crise semblent être beaucoup moins tirés par le crédit hypothécaire, et la taille du secteur de la construction n'a pas augmenté. C'est peut-être une bonne nouvelle pour la stabilité financière, car une correction du prix des logements se traduirait moins par des défauts de paiement et des corrections à l'activité économique.

• Deuxièmement, il faudrait mettre davantage l'accent sur les changements dans les attentes du marché en matière de taux d'intérêt, ce qui peut avoir des effets importants sur les prix des actifs. Cela pourrait être particulièrement pertinent si les variations des taux d'intérêt ne sont pas motivées par l'évolution de l'économie réelle.

• Troisièmement, le système financier s'appuie sur un actif sûr comme référence. Nous montrons que l'offre d'actifs souverains sûrs dans la zone euro a chuté de façon spectaculaire, tirée par la détérioration des notes de crédit souveraines et la réduction de l'offre d'obligations des pays les plus sûrs. Des actifs plus sûrs soutiendraient la stabilité financière.

• Quatrièmement, bien que les risques climatiques pour la stabilité financière doivent être pris au sérieux, la pondération des risques sur les actifs verts ne doit pas être réduite car ils contiennent toujours des risques normaux de stabilité financière. Au lieu de cela, les pondérations de risque pour les actifs bruns devraient être augmentées.

• Cinquièmement, la BCE ne prend pas en compte la cybersécurité et les menaces hybrides dans son évaluation. Ces menaces sont des risques importants pour les institutions financières et au niveau plus systémique.

• Les politiques visant à répondre aux préoccupations de stabilité financière comprennent des mesures macroprudentielles. À cet égard, nous découvrons des écarts entre les pays de l'UE: pays avec les mêmes niveaux
de la surévaluation des prix des logements ont adopté des mesures macroprudentielles très différentes. Certains pays auraient donc pu en faire trop, tandis que d'autres en auraient fait trop peu.

• En ce qui concerne la prévention de la prochaine récession ou la réduction de son impact, nous soutenons que les décideurs politiques de l'UE doivent être mieux préparés à utiliser la politique budgétaire discrétionnaire plus tôt et avec plus de force, en particulier parce que la capacité des autorités monétaires à réagir au prochain ralentissement conjoncturel est très limité.

Citation recommandée
Darvas, Z., M. Domínguez-Jiménez et G. Wolff (2020) »Du changement climatique aux cyberattaques: risques de stabilité financière naissants pour la zone euro«, Policy Contribution 02/2020, Bruegel

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