Cents et non-sens: une évaluation critique de l'évaluation monétaire de la nature

introduction

L'enthousiasme avec lequel la valorisation monétaire des services écosystémiques a été adoptée par les économistes, les décideurs politiques, les militants écologistes et d'autres préoccupés par les impacts humains sur l'environnement est frappant. S'appuyant sur la théorie des externalités qui remonte au moins à The Economics of Welfare (1920) de Pigou, des méthodes ingénieuses ont été développées pour attribuer une valeur monétaire aux services naturels non valorisés dont bénéficient les humains, communément appelés services écosystémiques. Une classification bien connue de ces services écosystémiques les regroupe en quatre catégories: 1) l'approvisionnement, comme la production de nourriture et d'eau; 2) réglementer, comme le contrôle du climat et des maladies; 3) soutenir, comme les cycles des nutriments et la production d'oxygène; et 4) culturels, tels que les avantages spirituels et récréatifs. (Évaluation des écosystèmes en début de millénaire (MEA), 2005). Une caractéristique essentielle des services écosystémiques est qu'ils sont un flux qui est fourni au fil du temps. En conséquence, ils devraient être conceptualisés et mesurés comme des services par unité de temps. Comme pour tout flux de services, les services écosystémiques ne peuvent pas être stockés, enregistrés et utilisés à une date ultérieure. S'ils ne sont pas utilisés aujourd'hui, aucun service supplémentaire ne sera disponible demain.

Un concept étroitement lié aux services écosystémiques et qui reçoit également une attention considérable, est celui de capital naturel. Une définition typique du capital naturel est:

les stocks mondiaux d’actifs naturels qui comprennent la géologie, le sol, l’air, l’eau et tous les êtres vivants. C'est de ce capital naturel que les humains tirent une large gamme de biens et services, souvent appelés biens et services écologiques, qui rendent la vie humaine possible. (Forum mondial sur le capital naturel, 2017)1

Du point de vue de cette définition, les flux de services écosystémiques sont dérivés du capital naturel constitué de stocks. Les actions ont la particularité qu'elles existent à un moment donné. Ils peuvent être épuisés et augmentés en fonction de la façon dont ils sont utilisés et entretenus, ce qui affecte le type et le niveau des services écosystémiques qu'ils sont en mesure de fournir. Cette relation intime entre les services écosystémiques et le capital naturel joue un rôle important dans leur évaluation. D'une manière générale, plus les services écosystémiques sont précieux, plus le capital naturel dont ils dérivent est précieux.

L'observation selon laquelle les humains tirent leur valeur de la vie et de la vie en vivant dans la nature a des origines qui remontent à des millénaires. C'est une idée qui s'incarne dans la plupart des religions, dont certaines sont antérieures à l'histoire enregistrée. Ce qui est nouveau, c'est la proposition selon laquelle les décisions prises par des personnes agissant seules ou collectivement peuvent être améliorées si elles sont basées sur des évaluations monétaires de la nature qui, aux fins du présent document, signifient l'évaluation monétaire des services écosystémiques et du capital naturel.2

Ce qui suit est un examen critique du cadre conceptuel, des méthodes d'estimation et des données utilisées pour élaborer ces évaluations monétaires. Cela conduit à la seule conclusion raisonnable, partagée par d'autres (par exemple Fourcade, 2011), que ces évaluations doivent être utilisées avec beaucoup de prudence ou pas du tout pour éclairer les décisions et orienter les politiques publiques dont les résultats ont des conséquences environnementales.

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