Alors que le coronavirus se propage, l'UE peut-elle se permettre de fermer ses frontières?

En 2018, 320 millions de voyages ont été effectués entre les pays de l'UE et près de 2 millions de personnes ont franchi les frontières de Schengen pour se rendre au travail. Leur arrêt entraînerait de graves perturbations économiques.

La crise des coronavirus a déclenché un débat intense sur la fermeture des frontières dans l'espace Schengen comme moyen de contenir la propagation de l'épidémie. L'Autriche a arrêté certains trains en provenance d'Italie et, à mesure que le virus se propage, la politique d'ouverture des frontières sera encore testée. La pertinence ou non d'une telle mesure d'un point de vue épidémiologique dépasse la compétence des auteurs. En tout état de cause, le règlement Schengen autorise des restrictions de voyage en cas de menace pour la santé publique (article 2, point 21) et 6, paragraphe 1, point e), du règlement (UE) 2016/399).

Ce billet examine certaines des conséquences économiques possibles des fermetures de frontières. De nombreux travailleurs comptent sur l'accord de Schengen qui leur permet de traverser la frontière sans aucun contrôle d'identité. Plus de 1,9 million d'habitants des pays Schengen ont franchi la frontière pour aller travailler en 2018. Comme le montre le graphique ci-dessous, 0,9% des citoyens salariés vivant dans les pays Schengen travaillent de l'autre côté de la frontière. La part des frontaliers est particulièrement élevée en Slovaquie (5,5%), au Luxembourg (2,7%), en Croatie, en Estonie et en Belgique.

La pertinence de l’accord de Schengen s’étend au-delà des déplacements transfrontaliers pour se rendre au travail. En 2018, les citoyens de l'UE-27 ont effectué près de 320 millions de voyages d'une nuit et plus vers d'autres pays de l'UE-27, dont plus de 39 millions (12%) à des fins professionnelles.

En 2015, lorsque nous avons examiné les effets des contrôles aux frontières dans le contexte de la crise migratoire, nous avons fait valoir que les effets économiques directs de contrôles aux frontières supplémentaires étaient probablement relativement limités. L'évaluation serait désormais différente: l'arrêt des voyages transfrontaliers entraînerait une perturbation majeure de l'activité économique. Il n'est donc pas surprenant que l'UE ait pour l'instant décidé de ne pas fermer ses frontières.


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